Conférences 2017

Nos conférences sont créées pour les adhérents de l’association et sont donc gratuites – comprises dans leur adhésion – mais elles sont ouvertes à tous au tarif normal de 6 euros ou de 2 euros (étudiants), Salle du Sénéchal, 17 rue de Rémusat, Toulouse. Sans réservation 

Les deux conférences ci-dessous furent la suite de l’étude consacrée à l’exposition Fenêtres sur cours.

Jeudi 26 janvier à 18h

Magali BRIAT-PHILIPPE, conservateur du patrimoine, Monastère Royal de Brou, pour la première étude autour de l’exposition fenêtres sur cours, sur le thème de la représentation des cloîtres au 19ème siècle.

Les murmures des pierres : la fascination des cloîtres dans la peinture « troubadour »

“Au début du XIXe siècle, de jeunes artistes, qualifiés ultérieurement de « troubadours », redécouvrent le Moyen Âge et la Renaissance, qu’ils font revivre par le biais du sentiment et de l’anecdote. L’espace du cloitre, lieu fermé et secret, attire cette génération romantique. Les figures solitaires de dessinateur ou de moine y apparaissent comme les survivants fantomatiques d’un temps révolu. Des histoires d’amour contrariées par les vœux des protagonistes y sont également mises en scène avec succès. Certains artistes vont mettre les relevés fidèles d’édifices qu’ils ont étudiés, au service de cet imaginaire romanesque. Au-delà de la scène décrite, l’architecture du cloitre est admirée pour elle-même. Il s’agit suivant les cas d’édifices disparus, déjà en péril à l’époque de leur représentation, ou réutilisés comme l’ancien couvent des Petits-Augustins à Paris, devenu l’éphémère musée des monuments français, source d’inspiration de toute une génération. ”

Jeudi 23 février 2017 à 18h

Maurizio Gribaudi, directeur d’études au Laboratoire de Démographie et d’Histoire Sociale (Ladehiss), département de l’école des hautes études des sciences sociales (EHESS)

Les mutations de Paris à l’aube du XIXème siècle, formes urbaines et pratiques sociales

« L’histoire contemporaine de Paris est souvent représentée comme un processus cohérent à travers lequel la ville mue progressivement ses anciennes formes vers celles d’une nouvelle modernité qui font d’elle la capitale du XIXe siècle.  Cette modernité est identifiée avec la sociabilité des boulevards et avec une esthétique du loisir urbain qui fluctue entre l’effervescence des cafés et des théâtres, et le plaisir solitaire de la flânerie. Elle est aussi illustrée par l’expansion du commerce et la naissance de la société de consommation, ainsi que par une robuste politique de l’aménagement urbain qui efface à jamais le visage ancien de la ville.

Ces aspects sont certainement importants. Cependant leur généralisation, à l’ensemble de la ville et pour l’ensemble du siècle, a contribué à occulter les nombreuses tensions et les dramatiques discontinuités qui accompagnent ce processus. Parallèlement à la pétillante culture des boulevards, d’autres formes de modernité et de sociabilité se développent à l’intérieur de la ville. Les vieux quartiers du centre, que les observateurs contemporains stigmatisaient comme moyenâgeux et physiquement insalubres, hébergeaient en réalité une société active et cohérente, avec ses propres hiérarchies et ses formes de mobilité sociale.

Au cours de la conférence, je montrerai comment, grâce au croisement de nombreuses sources, on parvient à saisir la complexité des dynamiques qui caractérisent l’espace urbain au cours du 19ème siècle. Dans cette optique, qui se focalise sur les tensions et les contradictions internes du monde urbain, il devient possible d’observer les profondes fractures et discontinuités qui marquent l’évolution de la ville ».

Jeudi 23 mars 2017 à 18h

Christine Peltre, Professeur d’Histoire de l’art à l’université de Strasbourg, Présidente du Comité français d’Histoire de l’art (CFHA);

« Entre secret et sacré : cours orientales »

L’exposition Fenêtres sur cours a mis en lumière un espace jusqu’alors peu identifié dans les représentations de l’orientalisme. Les ressources de ce lieu scénique n’ont pourtant pas été ignorées par les peintres , à commencer par Delacroix dans la Noce juive dans le Maroc (1841). Conformément à l’esprit de l’architecture islamique, les artistes voient dans les cours et patios le lieu de la profusion décorative et de la révélation enchantée, comme dans la cour des Lions de l’Alhambra de Grenade. Ces décors se prêtent à l’évocation d’une vie secrète, comme celle des femmes, dans des évocations fantasmées où les almées croisent les « dames de la kasbah » d’un Pierre Loti . Cette vie pourtant est aussi celle d’une « solitude de cloître » et, dans les cours, le secret peut s’unir au sacré. Dans le silence retiré, au gré des jeux de la lumière écrasant les murs nus, règne parfois une atmosphère spiritualisée , celle que définit Albert Camus dans une étude sur la maison mauresque, goûtant « la paix étroite et silencieuse » de l’une de ses cours, dans « un infini calme et blanc ».

 

Jeudi 27 avril 2017 à 18h

Charlotte Riou, conservatrice au musée des Augustins:

Un moment de grâce à l’ombre du Capitole ; l’art toulousain au XIVe siècle

 « Pris entre une incomparable floraison romane et un XVe siècle où les chefs d’œuvre abondent, l’art toulousain du XIVe siècle est trop souvent réduit à la seule personnalité du Maître de Rieux. Il s’agit pourtant d’une période d’une richesse et d’un raffinement exceptionnels dans tous les domaines de l’art : architecture, sculpture, peinture murale, orfèvrerie, textiles… En contacts permanents avec l’art gothique né en Île-de-France, mais aussi avec la cour des papes à Avignon, le foyer artistique toulousain est ouvert sur l’extérieur tout en développant certaines particularités propres qu’il s’agit de définir plus précisément.

Ces questions et bien d’autres, seront abordées lors d’un colloque international qui s’est tenu les 9 et 10 novembre 2017 en partenariat avec l’université Jean-Jaurès à Toulouse, puis sous la forme d’une exposition qui sera présentée au Musée national du Moyen Age – Musée de Cluny à Paris en 2018. »

Jeudi 28 septembre  2017 à 18h

Stéphanie Trouvé, Docteur en histoire de l’art moderne de l’université de Paris X-Nanterre, au sujet de son livre :

Peinture et discours, la construction de l’Ecole de Toulouse, XVII – XVIII siècles

« Toulouse est présentée depuis le XIXe siècle comme un des foyers artistiques provinciaux des plus féconds, mais sa production a aussi été perçue par l’historiographie comme un art utilisant de vielles formules stylistiques, ou comme une pâle réplique des grands chefs-d’œuvre italiens ou parisiens. A partir d’un corpus d’œuvres et d’écrits sur la peinture sans équivalent pour une ville de province, cette conférence vise à s’interroger sur la construction de la notion d’école, sur le métier de peintre et à confronter peintures et discours afin de porter un nouveau regard sur l’art toulousain. »

Jeudi 12 octobre 2017 à 18h

Cécile Coutin Docteur en histoire de l’art, Conservateur en chef honoraire du Patrimoine au sujet de son livre :

La Vie silencieuse de Louyse Moillon (1610-1696).

« Fille de Nicolas Moillon, peintre portraitiste et marchand de tableaux à Paris, sœur du peintre Isaac Moillon (1614-1673), Louyse révèle un talent précoce pour la peinture. Son père commence à la former, mais il meurt en 1619. Sa mère se remarie en 1620 avec François Garnier, collègue de son défunt mari. Garnier, peintre de compositions de fruits, s’engage à former Louyse dans cette spécialité, selon un contrat qui lui garantit la moitié des gains produits par la vente de ses œuvres. Les peintures connues de Louyse Moillon sont datées entre 1619 et 1641, période de production qu’elle interrompt volontairement après son mariage en 1640 pour casser le contrat. Louyse ne peindra plus.

De religion protestante, Louyse connaît les œuvres des artistes flamands et hollandais installés à Paris, dont son père faisait commerce. Sa production montre cette influence, mais aussi une inspiration partagée avec ses amis peintres de la vie silencieuse, reflets du contexte historique, économique et agronomique de son temps. »

Jeudi 16 novembre 2017 à 18h

Cédric Michon, normalien, Professeur d’histoire moderne à l’université de Nantes, Directeur des presses universitaires de Rennes (PUR) :

Fenêtre sur chambre

Clin d’œil à la dernière exposition du musée des Augustins Fenêtres sur cours, autour du tableau de Jan Van Eyck, Les époux Arnolfini (1434).

« A travers Les époux Arnolfini (1434) de Jan Van Eyck, c’est toute la bourgeoisie marchande du xve siècle qui renaît sous nos yeux, en particulier les colonies de banquiers et de drapiers italiens qui colonisaient alors les grandes villes européennes. Le tableau est ainsi une fenêtre ouverte sur la chambre à coucher d’un couple bourgeois que l’on surprend dans sa vie quotidienne ». Cédric MICHON. 

Jeudi 7 décembre 2017 à 18h

Marie-Laure Ruiz-Maugis, diplômée de l’Ecole du Louvre, conférencière des musée nationaux.

Nous clôturons notre programme de l’année 2017 des Rencontres VIA ARTIS ayant eu trait aux collections du musée du Louvre (voir onglet VIA ARTIS ) par:

Les visages de la Joconde

Est-il possible de voir la Joconde, « le tableau le plus célèbre du monde », avec des yeux neufs ? La notoriété, le phénomène et le mythe gênent le regard. Et pourtant, quel tableau !

Il révèle toute la science picturale de Léonard de Vinci, ses subtilités techniques infimes, les nuances de glacis, son exploration des lumières et des ombres ainsi que son utilisation novatrice du sfumato.

Qui est la Joconde ? Le mystère demeure. Mais au-delà du modèle réel, Léonard n’a-t-il pas livré un portrait allégorique, à travers lequel transparaît la pensée de l’artiste. Le peintre disait  « c’est par le regard que l’âme affleure ». Les yeux de la Joconde attirent le spectateur et l’interrogent, de même que le sourire énigmatique. Et c’est ce questionnement qui fonde la beauté à jamais unique de la Joconde ! » Marie-Laure Ruiz-Maugis